• Mars

    Grossis par le torrent des neiges écoulées,
    Les fleuves vagabonds roulent dans les vallées ;
    Et les rochers de glace aux Alpes suspendus,
    Sous un ciel plus propice amollis et fondus,
    Se changent en vapeurs, et pèsent sur nos têtes.
    La mer gronde ; les vents précurseurs des tempêtes
    Courent d’un pôle à l’autre, et tourmentant les flots,
    Entourent de la mort les pâles matelots.
    Mais du joug de l’hiver la terre enfin se lasse :
    La terre, trop long-temps captive sous la glace,
    Lève ses tristes yeux vers le père des mois,
    Et frissonnante encor remplit l’air de sa voix.

    Dispensateur du jour, brillant flambeau du monde ;
    Des vapeurs, des brouillards perce la nuit immonde ;
    Impose un long silence aux aquilons jaloux,
    Et rend à mes soupirs le printemps mon époux.

    Jean-Antoine Roucher 1745-1794

     

     

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  • Au royaume du vert

    Le beau temps est venu,
    Aussi la violette.
    Le vent d'avril ronfle dans l'arbre nu
    Et le soleil vous étourdit la tête.
    Ce soleil et ce vent volent sur les chemins
    Par toute la montagne,
    Et des nuages blancs arrivés de Limagne (1)
    Traînent vite leur ombre au-dessus des campagnes,
    Tous à la queue-leu-leu dans le bleu du matin.
    Ouvre tout grand, ouvre dans les chambrettes,
    Qu'on voie le vent gonfler les rideaux de coton.
    Et puis je sors. Passe-moi mon bâton
    La fleur éclot, c'est la fête aux fleurettes,
    L'herbe verdoie, c'est la fête à l'herbette,
    Fête du vert de par tout le canton,
    Au pré pour le mouton,
    Au ciel pour l'alouette,
    Faisons-nous tous de fête,
    Verduron, verdurette,
    Et verduron, don don.

     Henri Pourrat

     

     

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  •  

     

    Montrez bien, Printemps gracieux

    Montrez bien, Printemps gracieux,
    De quel métier vous savez vous servir,
    Car Hiver se fait seul ennuyeux,
    Et vous le faites réjouir.
    Aussitôt qu'il vous voit venir,
    Lui et sa méchante retenue
    Sont contraints et prêt de fuir
    À votre joyeuse venue.

    Hiver rend champs et arbres vieux,
    Leurs barbes de neige blanchir,
    Et est si froid, sale et pluvieux
    Qu'après le feu vient croupir ;
    On ne peut hors des toits sortir
    Comme un oiseau qui se mue.
    Mais vous faites tout rajeunir
    À votre joyeuse venue.

    Hiver fuit le soleil dans les cieux
    Du manteau des nues couvrir ;
    Or maintenant, loué soit Dieux,
    Vous êtes venu éclaircir
    Toutes choses à embellir.
    Hiver a sa peine perdue,
    Car l'an nouveau l'a fait bannir
    À votre joyeuse venue.

    Charles d'Orléans ("Rondeaux")

     

     

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