• Poésies Printemps

    Je vous offre mes créations mais je vous demande de bien vouloir respecter mon travail en ne les modifiant pas et en y laissant ma signature. Je vous souhaite une bonne visite et au plaisir de vous lire

    Tubes Hommes création

  • Kit 3

    Kit 3


    Les parfums

    Mon coeur est un palais plein de parfums flottants
    Qui s’endorment parfois aux plis de ma mémoire,
    Et le brusque réveil de leurs bouquets latents
    – Sachets glissés au coin de la profonde armoire –
    Soulève le linceul de mes plaisirs défunts
    Et délie en pleurant leurs tristes bandelettes…
    Puissance exquise, dieux évocateurs, parfums,
    Laissez fumer vers moi vos riches cassolettes !
    Parfum des fleurs d’avril, senteur des fenaisons,
    Odeur du premier feu dans les chambres humides,
    Arômes épandus dans les vieilles maisons
    Et pâmés au velours des tentures rigides ;
    Apaisante saveur qui s’échappe du four,
    Parfum qui s’alanguit aux sombres reliures,
    Souvenir effacé de notre jeune amour
    Qui s’éveille et soupire au goût des chevelures ;
    Fumet du vin qui pousse au blasphème brutal,
    Douceur du grain d’encens qui fait qu’on s’humilie,
    Arome jubilant de l’azur matinal,
    Parfums exaspérés de la terre amollie ;
    Souffle des mers chargés de varech et de sel,
    Tiède enveloppement de la grange bondée,
    Torpeur claustrale éparse aux pages du missel,
    Acre ferment du sol qui fume après l’ondée ;
    Odeur des bois à l’aube et des chauds espaliers,
    Enivrante fraîcheur qui coule des lessives,
    Baumes vivifiants aux parfums familiers,
    Vapeur du thé qui chante en montant aux solives !
    – J’ai dans mon coeur un parc où s’égarent mes maux,
    Des vases transparents où le lilas se fane,
    Un scapulaire où dort le buis des saints rameaux,
    Des flacons de poison et d’essence profane.
    Des fruits trop tôt cueillis mûrissent lentement
    En un coin retiré sur des nattes de paille,
    Et l’arome subtil de leur avortement
    Se dégage au travers d’une invisible entaille…
    – Et mon fixe regard qui veille dans la nuit
    Sait un caveau secret que la myrrhe parfume,
    Où mon passé plaintif, pâlissant et réduit,
    Est un amas de cendre encor chaude qui fume.
    – Je vais buvant l’haleine et les fluidités
    Des odorants frissons que le vent éparpille,
    Et j’ai fait de mon coeur, aux pieds des voluptés,
    Un vase d’Orient où brûle une pastille.

    Anna de Noailles, Le coeur innombrable

    Sylvie Erwan 

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  • CARNAVAL 3 2022

    CARNAVAL 3


    Premier soleil

    Italie, Italie, ô terre où toutes choses
    Frissonnent de soleil, hormis tes méchants vins !
    Paradis où l’on trouve avec des lauriers-roses
    Des sorbets à la neige et des ballets divins !

    Terre où le doux langage est rempli de diphthongues !
    Voici qu’on pense à toi, car voici venir mai,
    Et nous ne verrons plus les redingotes longues
    Où tout parfait dandy se tenait enfermé.

    Sourire du printemps, je t’offre en holocauste
    Les manchons, les albums et le pesant castor.
    Hurrah ! gais postillons, que les chaises de poste
    Volent, en agitant une poussière d’or !

    Les lilas vont fleurir, et Ninon me querelle,
    Et ce matin j’ai vu mademoiselle Ozy
    Près des Panoramas déployer son ombrelle :
    C’est que le triste hiver est bien mort, songez-y !

    Voici dans le gazon les corolles ouvertes,
    Le parfum de la sève embaumera les soirs,
    Et devant les cafés, des rangs de tables vertes
    Ont par enchantement poussé sur les trottoirs.

    Adieu donc, nuits en flamme où le bal s’extasie !
    Adieu, concerts, scotishs, glaces à l’ananas ;
    Fleurissez maintenant, fleurs de la fantaisie,
    Sur la toile imprimée et sur le jaconas !

    Et vous, pour qui naîtra la saison des pervenches,
    Rendez à ces zéphyrs que voilà revenus,
    Les légers mantelets avec les robes blanches,
    Et dans un mois d’ici vous sortirez bras nus !

    Bientôt, sous les forêts qu’argentera la lune,
    S’envolera gaîment la nouvelle chanson ;
    Nous y verrons courir la rousse avec la brune,
    Et Musette et Nichette avec Mimi Pinson !

    Bientôt tu t’enfuiras, ange Mélancolie,
    Et dans le Bas-Meudon les bosquets seront verts.
    Débouchez de ce vin que j’aime à la folie,
    Et donnez-moi Ronsard, je veux lire des vers.

    Par ces premiers beaux jours la campagne est en fête
    Ainsi qu’une épousée, et Paris est charmant.
    Chantez, petits oiseaux du ciel, et toi, poëte,
    Parle ! nous t’écoutons avec ravissement.

    C’est le temps où l’on mène une jeune maîtresse
    Cueillir la violette avec ses petits doigts,
    Et toute créature a le coeur plein d’ivresse,
    Excepté les pervers et les marchands de bois !

    Théodore de Banville (1823-1891) 

    Sylvie Erwan 

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  • Kit printemps 10

    Kit printemps 10

    Kit printemps 10 FAIT

     Kit printemps 10

     

    Les Soleils de Mai

    D’un souffle virginal le plus aimé des mois
    Emplit l’air ; le lilas aux troncs moussus des bois
    Suspend sa grappe parfumée ;
    Les oiseaux sont joyeux et chantent le soleil ;
    Tout sourit ; du printemps, tout fête le réveil :
    Toi seule es triste, ô bien-aimée !

    « Pourquoi ces yeux rêveurs et ce regard penché ?
    De quel secret ennui ton cœur est-il touché ?
    Qu’as-tu ma grande et pâle Amie,
    Qu’as-tu ? Vois ce beau ciel sourire et resplendir !
    Oh ! souris-moi ! Je sens mon cœur s’épanouir
    Avec la terre épanouie.

    « Sur le cours bleu des eaux, au flanc noir de la tour,
    Regarde ! l’hirondelle est déjà de retour.
    Ailes et feuilles sont décloses.
    C’est la saison des fleurs, c’est la saison des vers.
    C’est le temps où dans l’âme et dans les rameaux verts
    Fleurissent l’amour et les roses.

    « Soyons jeunes ! fêtons le beau printemps vainqueur !
    Quand on est triste, Amie, il fait nuit dans le cœur ;
    La joie est le soleil de l’âme !
    Oublions ce que l’homme et la vie ont d’amer !
    Je veux aimer pour vivre et vivre pour aimer,
    Pour vous aimer, ma noble Dame !

    « Loin de nous les soucis, belle aux cheveux bruns !
    Enivrons-nous de brise, et d’air et de parfums,
    Enivrons-nous de jeunes sèves !
    Sur leurs tiges cueillons les promesses des fleurs !
    Assez tôt reviendront l’hiver et ses rigueurs
    Flétrir nos roses et nos rêves ! »

    Et, tandis qu’il parlait, muette à ses côtés,
    Marchait la grande Amie aux regards veloutés ;
    Son front baigné de rêverie
    S’éclairait à sa voix d’un doux rayonnement ;
    Et, lumière de l’âme, un sourire charmant
    Flottait sur sa lèvre fleurie.

    Auguste Lacaussade, Poèmes et Paysages, 1897

      

    Sylvie Erwan 

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