• PRINTEMPS 1

     

    PRINTEMPS 1


    A ce Printemps perdu

    A ce Printemps perdu
    où nous nous sommes aimés
    au bord de la rivière
    un jour du mois de Mai

    A ce Printemps perdu
    où l’on sent le bonheur
    quitter cette espérance
    qu’on laisse et ne voit plus

    A ce Printemps perdu
    et à la renaissance
    d’une passion si belle
    Vie qui n’existe plus

    A ce Printemps perdu
    et aux charmants oiseaux
    et à ces chants d’idylles
    belles, mises à nu

    A ce Printemps perdu
    Comme un beau violon
    aux cordes abimées
    Qu’on n’entendra plus jamais

    A ce Printemps perdu
    et à ces vieilles pierres
    un jour au coeur des vignes
    qui ne seront plus là

    Elodie Santos, 2008
     

     

     

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  • KIT PRINTEMPS 9

     

    KIT PRINTEMPS 9

    Les Soleils de Mai

    D’un souffle virginal le plus aimé des mois
    Emplit l’air ; le lilas aux troncs moussus des bois
    Suspend sa grappe parfumée ;
    Les oiseaux sont joyeux et chantent le soleil ;
    Tout sourit ; du printemps, tout fête le réveil :
    Toi seule es triste, ô bien-aimée !

    « Pourquoi ces yeux rêveurs et ce regard penché ?
    De quel secret ennui ton cœur est-il touché ?
    Qu’as-tu ma grande et pâle Amie,
    Qu’as-tu ? Vois ce beau ciel sourire et resplendir !
    Oh ! souris-moi ! Je sens mon cœur s’épanouir
    Avec la terre épanouie.

    « Sur le cours bleu des eaux, au flanc noir de la tour,
    Regarde ! l’hirondelle est déjà de retour.
    Ailes et feuilles sont décloses.
    C’est la saison des fleurs, c’est la saison des vers.
    C’est le temps où dans l’âme et dans les rameaux verts
    Fleurissent l’amour et les roses.

    « Soyons jeunes ! fêtons le beau printemps vainqueur !
    Quand on est triste, Amie, il fait nuit dans le cœur ;
    La joie est le soleil de l’âme !
    Oublions ce que l’homme et la vie ont d’amer !
    Je veux aimer pour vivre et vivre pour aimer,
    Pour vous aimer, ma noble Dame !

    « Loin de nous les soucis, belle aux cheveux bruns !
    Enivrons-nous de brise, et d’air et de parfums,
    Enivrons-nous de jeunes sèves !
    Sur leurs tiges cueillons les promesses des fleurs !
    Assez tôt reviendront l’hiver et ses rigueurs
    Flétrir nos roses et nos rêves ! »

    Et, tandis qu’il parlait, muette à ses côtés,
    Marchait la grande Amie aux regards veloutés ;
    Son front baigné de rêverie
    S’éclairait à sa voix d’un doux rayonnement ;
    Et, lumière de l’âme, un sourire charmant
    Flottait sur sa lèvre fleurie.

    Auguste Lacaussade, Poèmes et Paysages, 1897


     

     

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  • PRINTEMPS 17

     

    PRINTEMPS 17


    La Nuit de Mai

    Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;
    La fleur de l’églantier sent ses bourgeons éclore.
    Le printemps naît ce soir ; les vents vont s’embraser,
    Et la bergeronnette, en attendant l’aurore,
    Aux premiers buissons verts commence à se poser.
    Poète, prends ton luth et me donne un baiser.

    Le poète.

    Comme il fait noir dans la vallée !
    J’ai cru qu’une forme voilée
    Flottait là-bas sur la forêt.
    Elle sortait de la prairie ;
    Son pied rasait l’herbe fleurie ;
    C’est une étrange rêverie ;
    Elle s’efface et disparaît.

    La Muse.

    Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,
    Balance le zéphyr dans son voile odorant.
    La rose, vierge encor, se referme jalouse
    Sur le frelon nacré qu’elle enivre en mourant.
    Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée.
    Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée
    Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux.
    Ce soir, tout va fleurir : l’immortelle nature
    Se remplit de parfums, d’amour et de murmure,
    Comme le lit joyeux de deux jeunes époux.

    Le Poète.

    Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?
    Qu’ai-je donc en moi qui s’agite
    Dont je me sens épouvanté ?
    Ne frappe-t-on pas à ma porte ?
    Pourquoi ma lampe à demi morte
    M’éblouit-elle de clarté ?
    Dieu puissant ! tout mon corps frissonne.
    Qui vient ? qui m’appelle ? Personne.
    Je suis seul ; c’est l’heure qui sonne ;
    Ô solitude ! ô pauvreté !

    La Muse.

    Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse
    Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.
    Mon sein est inquiet ; la volupté l’oppresse,
    Et les vents altérés m’ont mis la lèvre en feu.
    Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle.
    Notre premier baiser, ne t’en souviens-tu pas,
    Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,
    Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ?
    Ah ! je t’ai consolé d’une amère souffrance !
    Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d’amour.
    Console-moi ce soir, je me meurs d’espérance ;
    J’ai besoin de prier pour vivre jusqu’au jour.

    Le Poète.

    Est-ce toi dont la voix m’appelle,
    Ô ma pauvre Muse ! est-ce toi ?
    Ô ma fleur ! ô mon immortelle !
    Seul être pudique et fidèle
    Où vive encor l’amour de moi !
    Oui, te voilà, c’est toi, ma blonde,
    C’est toi, ma maîtresse et ma soeur !
    Et je sens, dans la nuit profonde,
    De ta robe d’or qui m’inonde
    Les rayons glisser dans mon coeur.
    ...
    Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
    Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.

    Alfred de Musset - (1810-1857)

     

     

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