• Rectangle triangulaire

    L’allée est silencieuse
    Je n’entends pas les oiseaux ce matin

    Cette fois tous les arbres sont verts autour de la gare
    Un mécanisme de vérité s’est mis en route inexorablement

    Voilà pourquoi je ne comprends plus rien

    Ce printemps ne ressemble plus à celui où j’étais fidèle à toutes mes femmes
    J’attends l’heure éternelle de volupté
    Semblable à la délicatesse des sens
    Qui occupait l’espace d’une vie

    La joie n’aura plus jamais sa place maintenant

    C’est l’heure de la folie destructrice
    Que nous attendons tous

    Edgar Georges, 1999


     

     

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    Ronde de Printemps

    Dans le Parc, dans le Parc les glycines frissonnent,
    Etirant leurs frêles bras –
    Ainsi que de jeunes filles
    Qui se réveillent d’un court sommeil
    Après la nuit dansée au bal,
    Les boucles de leurs cheveux
    Tout en papillotes
    Pour de prochaines fêtes –
    Dans le Parc.
    Dans les Prés, dans les Prés les marguerites blanches
    S’endimanchent, et les coquelicots
    Se pavanent dans leurs jupes
    Savamment fripées,
    Mais les oiseaux, un peu outrés,
    Rient et se moquent des coquettes
    Dans les Prés.
    Dans les Bois, dans les Bois les ramures s’enlacent:
    Voûte de Cathédrale aux Silences
    Où le pas des Visions se fait pieux et furtif,
    Parmi les poses adorantes des Hêtres
    Et les blancs surplis des Bouleaux –
    Sous les vitraux d’émeraude qui font
    Cette lumière extatique –
    Dans les Bois.
    Dans l’Eau, dans l’Eau près de joncs somnolents
    Tremblent les étoiles plues du soleil
    Dans l’Eau,
    Et la Belle tout en pleurs
    Tombe parmi les joncs somnolents,
    Et la Belle
    Meurt parmi la torpeur lumineuse des flots:
    La Belle Espérance
    S’est noyée, et cela fait des ronds
    Dans l’Eau.
    Marie Krysinska

    À Charles de Sivry.


     

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  • En mai

    Une sorte de verve étrange, point muette,
    Point sourde, éclate et fait du printemps un poëte ;
    Tout parle et tout écoute et tout aime à la fois ;
    Et l'antre est une bouche et la source une voix ;
    L'oiseau regarde ému l'oiselle intimidée,
    Et dit : Si je faisais un nid ? c'est une idée !
    Comme rêve un songeur le front sur l'oreiller,
    La nature se sent en train de travailler,
    Bégaie un idéal dans ses noirs dialogues,
    Fait des strophes qui sont les chênes, des églogues
    Qui sont les amandiers et les lilas en fleur,
    Et se laisse railler par le merle siffleur ;
    Il lui vient à l'esprit des nouveautés superbes ;
    Elle mêle la folle avoine aux grandes herbes ;
    Son poëme est la plaine où paissent les troupeaux ;
    Savante, elle n'a pas de trêve et de repos
    Jusqu'à ce qu'elle accouple et combine et confonde
    L'encens et le poison dans la sève profonde ;
    De la nuit monstrueuse elle tire le jour ;
    Souvent avec la haine elle fait de l'amour ;
    Elle a la fièvre et crée, ainsi qu'un sombre artiste ;
    Tout ce que la broussaille a d'hostile et de triste,
    Le buisson hérissé, le steppe, le maquis,
    Se condense, ô mystère, en un chef-d'oeuvre exquis
    Que l'épine complète et que le ciel arrose ;
    Et l'inspiration des ronces, c'est la rose.
    Victor Hugo (1802-1885)

     

     

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