• KIT AUTOMNE 12

     KIT AUTOMNE 12

    Automne malade

    Automne malade et adoré
    Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
    Quand il aura neigé
    Dans les vergers

    Pauvre automne
    Meurs en blancheur et en richesse
    De neige et de fruits mûrs
    Au fond du ciel
    Des éperviers planent
    Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
    Qui n’ont jamais aimé

    Aux lisières lointaines
    Les cerfs ont bramé

    Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
    Les fruits tombant sans qu’on les cueille
    Le vent et la forêt qui pleurent
    Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
    Les feuilles
    Qu’on foule
    Un train
    Qui roule
    La vie
    S’écoule

    Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

     

     

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  • KIT AUTOMNE 11


    KIT AUTOMNE 11

    Automne

    Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,
    Se gonfler doucement aux regards du soleil !
    Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde,
    L’emplit, on le dirait, de volupté profonde.

    Sous les feux d’un soleil invisible et puissant,
    Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant.
    De sucs plus abondants chaque jour il enivre,
    Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre.

    L’automne vient : le fruit se vide et va tomber,
    Mais sa gaine est vivante et demande à germer.
    L’âge arrive, le coeur se referme en silence,
    Mais, pour l’été promis, il garde sa semence.

    Ondine Valmore

     

     

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  • KIT AUTOMNE 10

    KIT AUTOMNE 10

    Le jardin mouillé

    La croisée est ouverte; il pleut
    Comme minutieusement,
    À petit bruit et peu à peu,
    Sur le jardin frais et dormant.

    Feuille à feuille, la pluie éveille
    L'arbre poudreux qu'elle verdit;
    Au mur, on dirait que la treille
    S'étire d'un geste engourdi.

    L'herbe frémit, le gravier tiède
    Crépite et l'on croirait là-bas
    Entendre sur le sable et l'herbe
    Comme d'imperceptibles pas.

    Le jardin chuchote et tressaille,
    Furtif et confidentiel;
    L'averse semble maille à maille
    Tisser la terre avec le ciel.

    Il pleut, et les yeux clos, j'écoute,
    De toute sa pluie à la fois,
    Le jardin mouillé qui s'égoutte
    Dans l'ombre que j'ai faite en moi.
    Henri de Régnier

     

     

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