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Par sylvie erwan le 24 Novembre 2018 à 07:55
Les oies sauvages
Tout est muet, l’oiseau ne jette plus ses cris.
La morne plaine est blanche au loin sous le ciel gris.
Seuls, les grands corbeaux noirs, qui vont cherchant leurs proies,
Fouillent du bec la neige et tachent sa pâleur.
Voilà qu’à l’horizon s’élève une clameur ;
Elle approche, elle vient, c’est la tribu des oies.
Ainsi qu’un trait lancé, toutes, le cou tendu,
Allant toujours plus vite, en leur vol éperdu,
Passent, fouettant le vent de leur aile sifflante.
Le guide qui conduit ces pèlerins des airs
Delà les océans, les bois et les déserts,
Comme pour exciter leur allure trop lente,
De moment en moment jette son cri perçant.
Comme un double ruban la caravane ondoie,
Bruit étrangement, et par le ciel déploie
Son grand triangle ailé qui va s’élargissant.
Mais leurs frères captifs répandus dans la plaine,
Engourdis par le froid, cheminent gravement.
Un enfant en haillons en sifflant les promène,
Comme de lourds vaisseaux balancés lentement.
Ils entendent le cri de la tribu qui passe,
Ils érigent leur tête ; et regardant s’enfuir
Les libres voyageurs au travers de l’espace,
Les captifs tout à coup se lèvent pour partir.
Ils agitent en vain leurs ailes impuissantes,
Et, dressés sur leurs pieds, sentent confusément,
A cet appel errant se lever grandissantes
La liberté première au fond du coeur dormant,
La fièvre de l’espace et des tièdes rivages.
Dans les champs pleins de neige ils courent effarés,
Et jetant par le ciel des cris désespérés
Ils répondent longtemps à leurs frères sauvages.
Guy de Maupassant
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Par sylvie erwan le 17 Novembre 2018 à 08:15
Lumières de Lune
Lumières de Lune, ombres de lumières
minérales, par dessus les fumées,
l’esquisse d’un tableau de Chagall
Une volute émeraude dans le passage de la nuit
qui vers l’ombre taraude, perce, surgit
comme un éclair
Sacré climax
un clin d’œil d’animal qui s’enfuit
et s’évapore l’ombre incandescente et belle
car au plus profond de la Plaine
Distingue t’on l’oubli ?
L’ange est bien passé
vite. Promptement
se dresse sur un char guerrier
l’Ajax conquérant,
Le cygne, l’Être éveillé.
L’ombre est au dessus de nous,
la lumière
à nos pieds.
Winston Perez
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Par sylvie erwan le 3 Novembre 2018 à 08:42
Adieu guinguette
Novembre, temps des sanglots, la rivière de larmes
En torrent impétueux déverse son chagrin
Et s’épanche parfois en noyant les chemins
De halage et de peine qui avaient tant de charme.
Nous allions en Juillet flâner sur ces sentiers
Pleins d’ombre et de lumière, allant vers la guinguette
Dîner, boire et danser au petit bal musette
Un air d’accordéon, péniches et canotiers.
Ces serments chuchotés au secret des tonnelles,
Ces soleils reflétés jusque dans tes prunelles
C’était Joinville le Pont, tout au pied des coteaux.
Adieu été trop court que notre Automne envie !
Le fleuve ronge ses berges, le temps use la vie
Et des bonheurs anciens ne laissent que ces lambeaux.
Antoine Livic, Chants d’écume suivi de Fleurs fanées, 2017
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