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Par sylvie erwan le 9 Juin 2018 à 08:35
Le jour
Levons-nous, le jour bleu colle son front aux vitres,
La note du coucou réveille le printemps,
Les rameaux folichons ont des gestes de pitres,
Les cloches de l’aurore agitent leurs battants.
La nuit laisse en fuyant sa pantoufle lunaire
Traîner dans l’air mouillé plein de sommeil encor
Et derrière les monts cachant sa face claire
Le soleil indécis darde trois flèches d’or.
Il monte. Notre ferme en est tout éblouie,
Les volets sont plus verts et le toit plus vermeil,
La crête des sapins dans la brume enfouie
S’avive de clarté. Voilà le plein soleil
Avec son blanc collier de franges barbelées,
Avec ses poudroiements de cristal dans les prés,
Avec ses flots nacrés, ses cascades brûlées,
Ses flûtes, ses oiseaux et ses chemins pourprés.
L’abeille tôt levée, attendant sa venue,
Essayait d’animer les boutons engourdis,
Dérangeait l’ordre neuf de la rose ingénue,
Pressait de toutes parts les lilas interdits.
Dès qu’elle vit au ciel fuser la bonne gerbe,
Son gorgerin blondit, son aile miroita,
Et, tandis que les fleurs se découpaient dans l’herbe,
Sur un lis qui s’ouvrait son ivresse pointa.
Quel massacre badin de vierges cachetées !
La nonnain-violette en conserve un frisson,
Les corbeilles d’argent aux blancheurs dépitées
S’inquiètent du vent rural et sans façon.
Sur l’églantine fraîche aux saveurs paysannes
Voici que les frelons éthiopiens vont choir,
Les bambous en rumeur entre-choquent leurs cannes,
Sur un brin d’amandier sifflote un merle noir.
Levons-nous. Notre chien lappe son écuelle,
Les chevaux affamés piaffent après le foin,
On entend barboter un refrain de vaisselle
Et des appels de coqs s’égosiller au loin.
Déjeunons sur le seuil de tartines miellées,
Dans nos verres en feu le soleil boit sa part,
Les arbres font danser leurs feuilles déroulées
Et teignent leurs bourgeons d’un petit point de fard.
C’est l’heure puérile où la margelle est rose,
Où la jeune campagne éclose au jour nouveau
Dans ses terrains bêchés brille comme une alose,
Où l’araignée étend son lumineux réseau.
C’est l’heure où les lapins se grisent de rosée,
Où l’enfant matinal aux gestes potelés,
Agitant le soleil de sa tête frisée ;
Rit tenant à deux mains un pesant bol de lait.
La montagne se vêt de légères buées
Et semble perdre un peu de son austérité,
Les cyprès accusant leurs grâces fuselées
Dressent des cierges verts sur l’autel de l’été.
Ô rajeunissement du réveil, ô lumière
Qui laves les noirceurs, les fanges, les chagrins,
Qui donnes des splendeurs au bourbier de l’ornière
Et mets une ombre d’or sur nos charniers humains.Cécile Sauvage, Tandis que la terre tourne
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Par sylvie erwan le 2 Juin 2018 à 08:05
Parfum exotique
Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne,
Je respire l’odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ;Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne.Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l’air et m’enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.Charles Baudelaire
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Par sylvie erwan le 12 Mai 2018 à 07:55
Lilas
La pluie larmoyante caresse ton parfum
aime le déséquilibre éphémère
des gouttelettes assoiffées de sève
À chaque pétale elle découvre ta beauté
symphonie d’unités réfractéesLes fleurs minuscules bleutées par la lumière
avancent comme un cortège
joyeux
dansent comme une valse
d’amour
Forsythias et pivoines couronnent cet instant
courtisent l’allégorieSous le sublime chapiteau de la nature
un voile parfumé fleurit notre chimèreSybille Rembard, Beauté fractionnée, 2002
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