• KIT AUTOMNE 7


    KIT AUTOMNE 7


    Les petits chats

    Hier, la chatt’ gris’ dans un p’quit coin
    D’ nout’ guernier, su’ eun’ botte de foin,
    Alle avait am’né troués p’quits chats ;
    Coumm’ j’pouvais pas nourri’ tout ça,
    J’ les ai pris d’eun’ pougné’ tertous
    En leu-z-y attachant eun’ grouss’ piarre au cou.

    Pis j’ m’ai mis en rout’ pour l’étang ;
    Eun’ foués là, j’ les ai foutus d’dans ;
    Ça a fait : ppllouff!… L’ieau a grouillé,
    Et pis pus ren !… Ils ‘tin néyés…
    Et j’sé r’parti, chantant coumm’ ça :
    « C’est la pauv’ chatt’ gris’ qu’a pardu ses chats. «

    En m’en allant, j’ai rencontré
    Eun’ fill’ qu’était en train d’ pleurer,
    Tout’ peineuse et toute en haillons,
    Et qui portait deux baluchons.
    L’un en main ! c’était queuqu’s habits ;
    L’autr’, c’était son vent’e oùsqu’était son p’quit !

    Et j’y ai dit : « Fill’, c’est pas tout ça ;
    Quand t’auras ton drôl’ su’ les bras,
    Coumment don’ qu’tu f’ras pour l’él’ver,
    Toué qu’as seul’ment pas d’ quoué bouffer?
    Et, quand mêm’ que tu l’élév’rais,
    En t’ saignant des quat’ vein’s… et pis après ?

    Enfant d’ peineuse, i’ s’rait peineux ;
    Et quoiqu’i fasse i’ s’rait des ceux
    Qui sont contribuab’s et soldats…
    Et, – par la tête ou par les bras
    ou par… n’importe ben par où ! –
    I’ s’rait eun outil des ceux qu’a des sous.

    Et p’t-êt qu’un jour, lassé d’ subi’
    La vie et ses tristes fourbis,
    I’ s’en irait se j’ter à l’ieau
    Ou s’foutrait eun’ balle dans la pieau,
    Ou dans un bois i’ s’accroch’trait
    Ou dans un « cintiéme » i’ s’asphysquerait.

    Pisqu’ tu peux l’empêcher d’ souffri,
    Ton pequiot qu’est tout prêt à v’ni,
    Fill’, pourquoué don’ qu’ tu n’ le f’rais pas ?
    Tu voués : l’étang est à deux pas.
    Eh ! bien, sitout qu’ ton p’quiot vienra,
    Pauv’ fill’, envoueill’-le r’trouver mes p’tits chats !… «

    Gaston Couté
     

     

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  • KIT AUTOMNE 4


    KIT AUTOMNE 4


    Ode pour la paix

    Le noir démon des combats
    Va quitter cette contrée ;
    Nous reverrons ici-bas
    Régner la déesse Astrée.

    La paix, soeur du doux repos,
    Et que Jules va conclure,
    Fait déjà refleurir Vaux ;
    Dont je retire un bon augure.

    S’il tient ce qu’il a promis,
    Et qu’un heureux mariage
    Rende nos rois bons amis,
    Je ne plains pas son voyage.

    Le plus grand de mes souhaits
    Est de voir, avant les roses,
    L’Infante avecque la Paix ;
    Car ce sont deux belles choses.

    O Paix, infante des cieux,
    Toi que tout heur accompagne,
    Viens vite embellir ces lieux
    Avec l’Infante d’Espagne.

    Chasse des soldats gloutons
    La troupe fière et hagarde,
    Qui mange tous mes moutons,
    Et bat celui qui les garde.

    Délivre ce beau séjour
    De leur brutale furie,
    Et ne permets qu’à l’Amour
    D’entrer dans la bergerie.

    Fais qu’avecque le berger
    On puisse voir la bergère,
    Qui court d’un pied léger,
    Qui danse sur la fougère,

    Et qui, du berger tremblant
    Voyant le peu de courage,
    S’endorme ou fasse semblant
    De s’endormir à l’ombrage.

    O Paix ! source de tout bien,
    Viens enrichir cette terre,
    Et fais qu’il n’y reste rien
    Des images de la guerre.

    Accorde à nos longs désirs
    De plus douces destinées ;
    Ramène-nous les plaisirs,
    Absents depuis tant d’années.

    Etouffe tous ces travaux,
    Et leurs semences mortelles :
    Que les plus grands de nos maux
    Soient les rigueurs de nos belles ;

    Et que nous passions les jours
    Etendus sur l’herbe tendre,
    Prêts à conter nos amours
    A qui voudra les entendre.

    Jean de La Fontaine, 1679


     

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  • DIVERS 15


    DIVERS 15



    Le dernier gîte

    Je te reviens, ô paroisse natale.
    Patrie intime où mon coeur est resté ;
    Avant d’entrer dans la nuit glaciale,
    Je viens frapper à ton seuil enchanté.

    Pays d’amour, en vain j’ai fait la route
    Pour saluer encore ton ciel bleu,
    Mon oeil se mouille et ma chair tremble toute,
    Je viens te dire un éternel adieu.

    Oh ! couchez-moi dans la tombe bénite,
    Dans un recoin discret du vieil enclos.
    Ici, je viens chercher mon dernier gîte,
    Je viens ici chercher calme et repos.

    Ô terre sainte ! ouvre-moi ton asile,
    Près des miens, jusqu’au jour du grand réveil,
    Je dormirai comme en un lit tranquille,
    Mon dernier rêve et mon dernier sommeil.

    Nérée Beauchemin, Les floraisons matutinales
     

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