• Kit 8

    Kit 8

    La coupe du roi de Thulé

    Au vieux roi de Thulé sa maîtresse fidèle
    Avait fait en mourant don d’une coupe d’or,
    Unique souvenir qu’elle lui laissait d’elle,
    Cher et dernier trésor.

    Dans ce vase, présent d’une main adorée,
    Le pauvre amant dès lors but à chaque festin.
    La liqueur en passant par la coupe sacrée
    Prenait un goût divin.

    Et quand il y portait une lèvre attendrie,
    Débordant de son cœur et voilant son regard,
    Une larme humectait la paupière flétrie
    Du noble et doux vieillard.

    Il donna tous ses biens, sentant sa fin prochaine,
    Hormis toi, gage aimé de ses amours éteints ;
    Mais il n’attendit point que la Mort inhumaine
    T’arrachât de ses mains.

    Comme pour emporter une dernière ivresse.
    Il te vida d’un trait, étouffant ses sanglots,
    Puis, de son bras tremblant surmontant la faiblesse»
    Te lança dans les flots.

    D’un regard déjà trouble il te vit sous les ondes
    T’enfoncer lentement pour ne plus remonter :
    C’était tout le passé que dans les eaux profondes
    Il venait de jeter.

    Et son cœur, abîmé dans ses regrets suprêmes,
    Subit sans la sentir l’atteinte du trépas.
    En sa douleur ses yeux qui s’étaient clos d’eux-mêmes
    Ne se rouvrirent pas.

    Coupe des souvenirs, qu’une liqueur brûlante
    Sous notre lèvre avide emplissait jusqu’au bord,
    Qu’en nos derniers banquets d’une main défaillante
    Nous soulevons encor,

    Vase qui conservais la saveur immortelle
    De tout ce qui nous fit rêver, souffrir, aimer.
    L’œil qui t’a vu plonger sous la vague éternelle
    N’a plus qu’à se fermer.

    Louise Ackermann, Premières Poésies, 1871

     

    Sylvie Erwan 

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  • Kit 8

    Kit 8

    Bonjour à tous 
    C'est avec toute mon amitié
    que je viens vous souhaiter
    une bon week-end.
    une bonne semaine .
    Prenez soin de vous .
    Mille doux bisous du ♥

    Kit 8

    La coupe du roi de Thulé

    Au vieux roi de Thulé sa maîtresse fidèle
    Avait fait en mourant don d’une coupe d’or,
    Unique souvenir qu’elle lui laissait d’elle,
    Cher et dernier trésor.

    Dans ce vase, présent d’une main adorée,
    Le pauvre amant dès lors but à chaque festin.
    La liqueur en passant par la coupe sacrée
    Prenait un goût divin.

    Et quand il y portait une lèvre attendrie,
    Débordant de son cœur et voilant son regard,
    Une larme humectait la paupière flétrie
    Du noble et doux vieillard.

    Il donna tous ses biens, sentant sa fin prochaine,
    Hormis toi, gage aimé de ses amours éteints ;
    Mais il n’attendit point que la Mort inhumaine
    T’arrachât de ses mains.

    Comme pour emporter une dernière ivresse.
    Il te vida d’un trait, étouffant ses sanglots,
    Puis, de son bras tremblant surmontant la faiblesse»
    Te lança dans les flots.

    D’un regard déjà trouble il te vit sous les ondes
    T’enfoncer lentement pour ne plus remonter :
    C’était tout le passé que dans les eaux profondes
    Il venait de jeter.

    Et son cœur, abîmé dans ses regrets suprêmes,
    Subit sans la sentir l’atteinte du trépas.
    En sa douleur ses yeux qui s’étaient clos d’eux-mêmes
    Ne se rouvrirent pas.

    Coupe des souvenirs, qu’une liqueur brûlante
    Sous notre lèvre avide emplissait jusqu’au bord,
    Qu’en nos derniers banquets d’une main défaillante
    Nous soulevons encor,

    Vase qui conservais la saveur immortelle
    De tout ce qui nous fit rêver, souffrir, aimer.
    L’œil qui t’a vu plonger sous la vague éternelle
    N’a plus qu’à se fermer.

    Louise Ackermann, Premières Poésies, 1871

     

    Sylvie Erwan 

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  • Kit 7

    Kit 7


    La Belle au Bois dormant

    Une princesse, au fond des bois,
    A dormi cent ans autrefois,
    Oui, cent beaux ans, tout d’une traite.
    L’enfant, dans sa fraîche retraite,
    Laissait courir le temps léger.
    Tout sommeillait à l’entour d’elle :
    La brise n’eût pas de son aile
    Fait la moindre feuille bouger ;
    Le flot dormait sur le rivage ;
    L’oiseau, perdu dans le feuillage,
    Était sans voix et sans ébats ;
    Sur sa tige fragile et verte
    La rose restait entr’ouverte :
    Cent printemps ne l’effeuillaient pas !
    Le charme eût duré, je m’assure,
    À jamais, sans le fils du roi.
    Il pénétra dans cet endroit,
    Et découvrit par aventure
    Le trésor que Dieu lui gardait.
    Un baiser, bien vite, il dépose
    Sur la bouche qui, demi-close,
    Depuis un siècle l’attendait.
    La dame, confuse et vermeille,
    À cet inconnu qui l’éveille
    Sourit dans son étonnement.
    Ô surprise toujours la même !
    Sourire ému ! Baiser charmant !
    L’amour est l’éveilleur suprême,
    L’âme, la Belle au bois dormant.

    Louise Ackermann, Premières poésies, 1871

     

    Sylvie Erwan 

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  • Kit 7

    Kit 7

    Bonjour à tous  
    C'est avec toute mon amitié
    que je viens vous souhaiter
    une bon week-end.
    une bonne semaine .
    Prenez soin de vous .
    Mille doux bisous du ♥

    Kit 7


    La Belle au Bois dormant

    Une princesse, au fond des bois,
    A dormi cent ans autrefois,
    Oui, cent beaux ans, tout d’une traite.
    L’enfant, dans sa fraîche retraite,
    Laissait courir le temps léger.
    Tout sommeillait à l’entour d’elle :
    La brise n’eût pas de son aile
    Fait la moindre feuille bouger ;
    Le flot dormait sur le rivage ;
    L’oiseau, perdu dans le feuillage,
    Était sans voix et sans ébats ;
    Sur sa tige fragile et verte
    La rose restait entr’ouverte :
    Cent printemps ne l’effeuillaient pas !
    Le charme eût duré, je m’assure,
    À jamais, sans le fils du roi.
    Il pénétra dans cet endroit,
    Et découvrit par aventure
    Le trésor que Dieu lui gardait.
    Un baiser, bien vite, il dépose
    Sur la bouche qui, demi-close,
    Depuis un siècle l’attendait.
    La dame, confuse et vermeille,
    À cet inconnu qui l’éveille
    Sourit dans son étonnement.
    Ô surprise toujours la même !
    Sourire ému ! Baiser charmant !
    L’amour est l’éveilleur suprême,
    L’âme, la Belle au bois dormant.

    Louise Ackermann, Premières poésies, 1871

     

    Sylvie Erwan 

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  • Kit 6

    Kit 6

    Aux femmes

    S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre,
    Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère,
    Si, dans le sentier rude avançant lentement,
    Cette âme s’arrêtait à quelque dévouement,
    Si c’était la Bonté sous les cieux descendue,
    Vers tous les malheureux la main toujours tendue,
    Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé,
    Si l’espoir de plusieurs sur Elle est déposé,
    Femmes, enviez-la. Tandis que dans la foule
    Votre vie inutile en vains plaisirs s’écoule,
    Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
    Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
    Enviez-la. Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
    Que l’homme à son secours incessamment appelle,
    Sa joie et son appui, son trésor sous les cieux,
    Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux,
    La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène
    Vers cette arche en danger de la famille humaine,
    Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
    Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.

    Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
    Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
    Enviez-la ! Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
    Que l’homme à son secours incessamment appelle,
    Sa joie et son espoir, son rayon sous les cieux,
    Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux,
    La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène
    Vers cette arche en danger de la famille humaine,
    Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
    Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.

    Paris, 1835

    Louise Ackermann, Premières poésies, 1871

    Sylvie Erwan 

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