• Kit 6

    Kit 6

    Bonjour à tous ♥️
    C'est avec toute mon amitié
    que je viens vous souhaiter
    une bon week-end.
    une bonne semaine .
    Prenez soin de vous .
    Mille doux bisous du ♥️

    Kit 6


    Vigne vierge d’automne

    Vous laissez tomber vos mains rouges,
    Vigne vierge, vous les laissez tomber
    Comme si tout le sang du monde était sur elles.

    À leur frisson, toute la balustrade bouge,
    Tout le mur saigne,
    Ô vigne vierge… Tout le ciel est imbibé
    D’une même lumière rouge.

    C’est comme un tremblement d’ailes rouges qui tombent,
    D’ailes d’oiseaux des îles, d’ailes
    Qui saignent. C’est la fin d’un règne –
    Ou quelque chose de plus simple infiniment.

    Ce sont les pieds palmés de hauts flamants
    Ou de fragiles pattes de colombes
    Qui marchent dans l’allée.
    (Où vont-elles, si rouges ?)
    Leurs traces étoilées
    Rejoignent l’autre vigne, où l’on vendange.
    Si rouge,
    Est-ce déjà le sang des cuves pleines ?
    Ah ! simplement la fête des vendanges,
    Simplement n’est-ce pas ?

    Et pourtant, que vos mains sont tremblantes ! Leurs veines
    Se rompent une à une… Tant de sang…
    Et cette odeur si fade, étrange.
    Ces mains qui tombent d’un air las,
    Ô vigne vierge, d’un air las et comme absent,
    Ces mains abandonnées…

    (Lady Macbeth n’eut-elle pas ce geste
    Après avoir frotté la tache si longtemps ?)

    Mains qui se crispent, mains qui restent
    En lambeaux rouges sur octobre palpitant ;
    Dites, oh ! dites chaque année
    Êtes-vous les mains meurtrières de l’Automne ?

    Ou chaque année,
    Sans rien qui s’en émeuve ni personne,
    Des mains assassinées
    Qui flottent au fil rouge de l’automne ?

    Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, 1958 (Recueil posthume)
     

     Sylvie Erwan 

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  • ST VALENTIN 23

    ST VALENTIN 23


    Complainte amoureuse

    Oui, dès l’instant que je vous vis,
    Beauté féroce, vous me plûtes ;
    De l’amour qu’en vos yeux je pris,
    Sur-le-champ vous vous aperçûtes ;
    Mais de quel air froid vous reçûtes
    Tous les soins que pour vous je pris !
    Combien de soupirs je rendis !
    De quelle cruauté vous fûtes !
    Et quel profond dédain vous eûtes
    Pour les vœux que je vous offris !
    En vain je priai, je gémis :
    Dans votre dureté vous sûtes
    Mépriser tout ce que je fis.
    Même un jour je vous écrivis
    Un billet tendre que vous lûtes,
    Et je ne sais comment vous pûtes
    De sang-froid voir ce que j’y mis.
    Ah! fallait-il que je vous visse,
    Fallait-il que vous me plussiez,
    Qu’ingénument je vous le disse,
    Qu’avec orgueil vous vous tussiez !
    Fallait-il que je vous aimasse,
    Que vous me désespérassiez,
    Et qu’en vain je m’opiniâtrasse,
    Et que je vous idolâtrasse
    Pour que vous m’assassinassiez !

    Alphonse Allais (1854-1905)
     

    Sylvie Erwan 

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  • ST VALENTIN 23

    ST VALENTIN 23

    Bonjour à tous
    C'est avec toute mon amitié
    que je viens vous souhaiter
    une bon week-end.
    une bonne semaine .
    Prenez soin de vous .
    Mille doux bisous du ♥️

    ST VALENTIN 23


    Complainte amoureuse

    Oui, dès l’instant que je vous vis,
    Beauté féroce, vous me plûtes ;
    De l’amour qu’en vos yeux je pris,
    Sur-le-champ vous vous aperçûtes ;
    Mais de quel air froid vous reçûtes
    Tous les soins que pour vous je pris !
    Combien de soupirs je rendis !
    De quelle cruauté vous fûtes !
    Et quel profond dédain vous eûtes
    Pour les vœux que je vous offris !
    En vain je priai, je gémis :
    Dans votre dureté vous sûtes
    Mépriser tout ce que je fis.
    Même un jour je vous écrivis
    Un billet tendre que vous lûtes,
    Et je ne sais comment vous pûtes
    De sang-froid voir ce que j’y mis.
    Ah! fallait-il que je vous visse,
    Fallait-il que vous me plussiez,
    Qu’ingénument je vous le disse,
    Qu’avec orgueil vous vous tussiez !
    Fallait-il que je vous aimasse,
    Que vous me désespérassiez,
    Et qu’en vain je m’opiniâtrasse,
    Et que je vous idolâtrasse
    Pour que vous m’assassinassiez !

    Alphonse Allais (1854-1905)
     

    Sylvie Erwan 

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  • kit 5

    kit 5


    Le Cri

    Lorsque le passager, sur un vaisseau qui sombre,
    Entend autour de lui les vagues retentir,
    Qu’a perte de regard la mer immense et sombre
    Se soulève pour l’engloutir,

    Sans espoir de salut et quand le pont s’entr’ouvre,
    Parmi les mâts brisés, terrifié, meurtri,
    Il redresse son front hors du flot qui le couvre,
    Et pousse au large un dernier cri.

    Cri vain ! cri déchirant ! L’oiseau qui plane ou passe
    Au delà du nuage a frissonné d’horreur,
    Et les vents déchaînés hésitent dans l’espace
    A l’étouffer sous leur clameur.

    Comme ce voyager, en des mers inconnues,
    J’erre et vais disparaître au sein des flots hurlants ;
    Le gouffre est à mes pieds, sur ma tête les nues
    S’amoncellent, la foudre aux flancs.

    Les ondes et les cieux autour de leur victime
    Luttent d’acharnement, de bruit, d’obscurité ;
    En proie à ces conflits, mon vaisseau sur l’abîme
    Court sans boussole et démâté.

    Mais ce sont d’autres flots, c’est un bien autre orage
    Qui livre des combats dans les airs ténébreux ;
    La mer est plus profonde et surtout le naufrage
    Plus complet et plus désastreux.

    Jouet de l’ouragan qui l’emporte et le mène,
    Encombré de trésors et d’agrès submergés,
    Ce navire perdu, mais c’est la nef humaine,
    Et nous sommes les naufragés.

    L’équipage affolé manœuvre en vain dans l’ombre ;
    L’Épouvante est à bord, le Désespoir, le Deuil ;
    Assise au gouvernail, la Fatalité sombre
    Le dirige vers un écueil.

    Moi, que sans mon aveu l’aveugle Destinée
    Embarqua sur l’étrange et frêle bâtiment,
    Je ne veux pas non plus, muette et résignée,
    Subir mon engloutissement.

    Puisque, dans la stupeur des détresses suprêmes,
    Mes pâles compagnons restent silencieux,
    A ma voix d’enlever ces monceaux d’anathèmes
    Qui s’amassent contre les cieux.

    Afin qu’elle éclatât d’un jet plus énergique,
    J’ai, dans ma résistance à l’assaut des flots noirs,
    De tous les cœurs en moi, comme en un centre unique,
    Rassemblé tous les désespoirs.

    Qu’ils vibrant donc si fort, mes accents intrépides,
    Que ces mêmes cieux sourds en tressaillent surpris ;
    Les airs n’ont pas besoin, ni les vagues stupides,
    Pour frissonner d’avoir compris.

    Ah ! c’est un cri sacré que tout cri d’agonie ;
    Il proteste, il accuse au moment d’expirer.
    Eh bien ! ce cri d’angoisse et d’horreur infinie,
    Je l’ai jeté ; je puis sombrer !

    Louise Ackermann, Poésies Philosophiques

     

    Sylvie Erwan 

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  • kit 5

    kit 5

    Bonjour à tous  
    C'est avec toute mon amitié
    que je viens vous souhaiter
    une bon week-end.
    une bonne semaine .
    Prenez soin de vous .
    Mille doux bisous du ♥️

    kit 5


    Le Cri

    Lorsque le passager, sur un vaisseau qui sombre,
    Entend autour de lui les vagues retentir,
    Qu’a perte de regard la mer immense et sombre
    Se soulève pour l’engloutir,

    Sans espoir de salut et quand le pont s’entr’ouvre,
    Parmi les mâts brisés, terrifié, meurtri,
    Il redresse son front hors du flot qui le couvre,
    Et pousse au large un dernier cri.

    Cri vain ! cri déchirant ! L’oiseau qui plane ou passe
    Au delà du nuage a frissonné d’horreur,
    Et les vents déchaînés hésitent dans l’espace
    A l’étouffer sous leur clameur.

    Comme ce voyager, en des mers inconnues,
    J’erre et vais disparaître au sein des flots hurlants ;
    Le gouffre est à mes pieds, sur ma tête les nues
    S’amoncellent, la foudre aux flancs.

    Les ondes et les cieux autour de leur victime
    Luttent d’acharnement, de bruit, d’obscurité ;
    En proie à ces conflits, mon vaisseau sur l’abîme
    Court sans boussole et démâté.

    Mais ce sont d’autres flots, c’est un bien autre orage
    Qui livre des combats dans les airs ténébreux ;
    La mer est plus profonde et surtout le naufrage
    Plus complet et plus désastreux.

    Jouet de l’ouragan qui l’emporte et le mène,
    Encombré de trésors et d’agrès submergés,
    Ce navire perdu, mais c’est la nef humaine,
    Et nous sommes les naufragés.

    L’équipage affolé manœuvre en vain dans l’ombre ;
    L’Épouvante est à bord, le Désespoir, le Deuil ;
    Assise au gouvernail, la Fatalité sombre
    Le dirige vers un écueil.

    Moi, que sans mon aveu l’aveugle Destinée
    Embarqua sur l’étrange et frêle bâtiment,
    Je ne veux pas non plus, muette et résignée,
    Subir mon engloutissement.

    Puisque, dans la stupeur des détresses suprêmes,
    Mes pâles compagnons restent silencieux,
    A ma voix d’enlever ces monceaux d’anathèmes
    Qui s’amassent contre les cieux.

    Afin qu’elle éclatât d’un jet plus énergique,
    J’ai, dans ma résistance à l’assaut des flots noirs,
    De tous les cœurs en moi, comme en un centre unique,
    Rassemblé tous les désespoirs.

    Qu’ils vibrant donc si fort, mes accents intrépides,
    Que ces mêmes cieux sourds en tressaillent surpris ;
    Les airs n’ont pas besoin, ni les vagues stupides,
    Pour frissonner d’avoir compris.

    Ah ! c’est un cri sacré que tout cri d’agonie ;
    Il proteste, il accuse au moment d’expirer.
    Eh bien ! ce cri d’angoisse et d’horreur infinie,
    Je l’ai jeté ; je puis sombrer !

    Louise Ackermann, Poésies Philosophiques

     

    Sylvie Erwan 

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