• Automne 3


    Automne 3


    En septembre

    Parmi la chaleur accablante
    Dont nous torréfia l’été,
    Voici se glisser, encor lente
    Et timide, à la vérité,

    Sur les eaux et parmi les feuilles,
    Jusque dans ta rue, ô Paris,
    La rue aride où tu t’endeuilles
    De tels parfums jamais taris,

    Pantin, Aubervilliers, prodige
    De la Chimie et de ses jeux,
    Voici venir la brise, dis-je,
    La brise aux sursauts courageux…

    La brise purificatrice
    Des langueurs morbides d’antan,
    La brise revendicatrice
    Qui dit à la peste : va-t’en !

    Et qui gourmande la paresse
    Du poète et de l’ouvrier,
    Qui les encourage et les presse…
    Vive la brise ! il faut crier :

    Vive la brise, enfin, d’automne
    Après tous ces simouns d’enfer,
    La bonne brise qui nous donne
    Ce sain premier frisson d’hiver !

    Paul Verlaine


     

     

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  • Automne 2


    Automne 2

    Dans le parc …

    Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous
    Les grands arbres d’où tombe avec un bruit très doux
    L’adieu des feuilles d’or parmi la solitude,
    Sous le ciel pâlissant comme de lassitude,
    Nous irons, si tu veux, jusqu’au soir, à pas lents,
    Bercer l’été qui meurt dans nos coeurs indolents.
    Nous marcherons parmi les muettes allées ;
    Et cet amer parfum qu’ont les herbes foulées,
    Et ce silence, et ce grand charme langoureux
    Que verse en nous l’automne exquis et douloureux
    Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres
    Et des parterres nus où grelottent les marbres,
    Baignera doucement notre âme tout un jour,
    Comme un mouchoir ancien qui sent encor l’amour.

    Albert Samain, Le chariot d’or

     

     

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    AUTOMNE 1

    AUTOMNE 1

    Automne malade

    Automne malade et adoré
    Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
    Quand il aura neigé
    Dans les vergers

    Pauvre automne
    Meurs en blancheur et en richesse
    De neige et de fruits mûrs
    Au fond du ciel
    Des éperviers planent
    Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
    Qui n’ont jamais aimé

    Aux lisières lointaines
    Les cerfs ont bramé

    Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
    Les fruits tombant sans qu’on les cueille
    Le vent et la forêt qui pleurent
    Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
    Les feuilles
    Qu’on foule
    Un train
    Qui roule
    La vie
    S’écoule

    Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913


     

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