• Automne 13


    Automne 13

    Automne

    Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,
    Se gonfler doucement aux regards du soleil !
    Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde,
    L’emplit, on le dirait, de volupté profonde.

    Sous les feux d’un soleil invisible et puissant,
    Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant.
    De sucs plus abondants chaque jour il enivre,
    Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre.

    L’automne vient : le fruit se vide et va tomber,
    Mais sa gaine est vivante et demande à germer.
    L’âge arrive, le coeur se referme en silence,
    Mais, pour l’été promis, il garde sa semence.

    Ondine Valmore

     

     

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  • Automne 12

    Automne 12

    Rumeur urbaine

    Soudain… Le brouillard
    les passants sont alors hagards.
    Sur la route bitumée
    ornée de peupliers
    on devine à peine le passage
    le sentier devient moins sûre
    un air d’automne dans les marrons mûrs

    Le trafic de la ville s’intensifie au loin
    obligations, ruminations,
    la ville s’affole,
    le temps s’emballe
    et la fraîcheur augurante de l’hiver blanc
    ne perturbe pas les pas des passants
    trépignent dans les klaxons
    s’engouffrent dans les stations
    en mouvement dans les rituels
    illusoirement éternels

    Alors mieux vaut être un ingénu
    Dans cette ville
    Où les saisons veillent
    Au grain, au dessein
    Enchanté. Pour qui le voit
    À travers la brume d’émoi.

    Nadia Ben Slima


     

     

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  • Un village

    Des murs crépis, de pauvres toits,
    Un pont, un chemin de halage,
    Et le moulin qui fait sa croix
    De haut en bas, sur le village.

    Les appentis et les maisons
    S’échouent, ainsi que choses mortes.
    Le filet dort : et les poissons
    Sèchent, pendus au seuil des portes.

    Un chien sursaute en longs abois ;
    Des cris passent, lourds et funèbres ;
    Le menuisier coupe son bois,
    Presque à tâtons, dans les ténèbres.

    Tous les métiers à bruit discord
    Se sont lassés l’un après l’autre
    Derrière un mur, marmonne encor
    Un dernier bruit de patenôtres.

    Une pauvresse aux longues mains,
    Du bout de son bâton tâtonne
    De seuil en seuil, par les chemins ;
    Le soir se fait et c’est l’automne.

    Et puis viendra l’hiver osseux,
    Le maigre hiver expiatoire,
    Où les gens sont plus malchanceux
    Que les âmes en purgatoire.

    Emile Verhaeren, Toute la Flandre


     

     

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