• ETE 24

      ETE 24

    Bonjour à toutes et tous .
    J'espère que vous allez bien ?
    il fait du soleil ,mais il fait moins chaud .
    Passez une bonne journée .
    Passez un bon weekend .
    Prenez soin de vous .
    Avec toute mon amitié .
    Bisous du ♥

    ETE 24

    La mort du chien

    Un groupe tout à l’heure était là sur la grève,
    Regardant quelque chose à terre : « Un chien qui crève ! »
    M’ont crié des enfants ; voilà tout ce que c’est !
    Et j’ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait.

    L’océan lui jetait l’écume de ses lames.
    « Voilà trois jours qu’il est ainsi », disaient les femmes.
    « On a beau lui parler, il n’ouvre pas les yeux »
    « Son maître est un marin absent », disait un vieux.

    Un pilote, passant la tête à la fenêtre,
    A repris : « le chien meurt de ne plus voir son maître!
    Justement le bateau vient d’entrer dans le port.
    Le maître va venir, mais le chien sera mort! »

    Je me suis arrêté près de la triste bête,
    qui, sourde, ne bougeant ni le corps ni la tête,
    Les yeux fermés, semblait morte sur le pavé.
    Comme le soir tombait, le maître est arrivé,

    Vieux lui même, et, hâtant son pas que l’âge casse,
    A murmuré le nom de son chien à voix basse.
    Alors, rouvrant ses yeux pleins d’ombre, extenué,
    Le chien a regardé son maître, a remué

    Une dernière fois sa pauvre vieille queue,
    Puis est mort. C’était l’heure où, sous la voûte bleue,
    Comme un flambeau qui sort d’un gouffre, Vénus luit ;
    Et j’ai dit : « D’où vient l’astre ? où va le chien ? ô nuit ! »

    Victor Hugo « Les Quatre Vents de l’esprit », 1881

     

     

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  • ETE 23

    ETE 23

    À Ninon

    Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
    Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
    L’amour, vous le savez, cause une peine extrême ;
    C’est un mal sans pitié que vous plaignez vous-même ;
    Peut-être cependant que vous m’en puniriez.

    Si je vous le disais, que six mois de silence
    Cachent de longs tourments et des voeux insensés :
    Ninon, vous êtes fine, et votre insouciance
    Se plaît, comme une fée, à deviner d’avance ;
    Vous me répondriez peut-être : Je le sais.

    Si je vous le disais, qu’une douce folie
    A fait de moi votre ombre, et m’attache à vos pas :
    Un petit air de doute et de mélancolie,
    Vous le savez, Ninon, vous rend bien plus jolie ;
    Peut-être diriez-vous que vous n’y croyez pas.

    Si je vous le disais, que j’emporte dans l’âme
    Jusques aux moindres mots de nos propos du soir :
    Un regard offensé, vous le savez, madame,
    Change deux yeux d’azur en deux éclairs de flamme ;
    Vous me défendriez peut-être de vous voir.

    Si je vous le disais, que chaque nuit je veille,
    Que chaque jour je pleure et je prie à genoux ;
    Ninon, quand vous riez, vous savez qu’une abeille
    Prendrait pour une fleur votre bouche vermeille ;
    Si je vous le disais, peut-être en ririez-vous.

    Mais vous ne saurez rien. – Je viens, sans rien en dire,
    M’asseoir sous votre lampe et causer avec vous ;
    Votre voix, je l’entends ; votre air, je le respire ;
    Et vous pouvez douter, deviner et sourire,
    Vos yeux ne verront pas de quoi m’être moins doux.

    Je récolte en secret des fleurs mystérieuses :
    Le soir, derrière vous, j’écoute au piano
    Chanter sur le clavier vos mains harmonieuses,
    Et, dans les tourbillons de nos valses joyeuses,
    Je vous sens, dans mes bras, plier comme un roseau.

    La nuit, quand de si loin le monde nous sépare,
    Quand je rentre chez moi pour tirer mes verrous,
    De mille souvenirs en jaloux je m’empare ;
    Et là, seul devant Dieu, plein d’une joie avare,
    J’ouvre, comme un trésor, mon cœur tout plein de vous.

    J’aime, et je sais répondre avec indifférence ;
    J’aime, et rien ne le dit ; j’aime, et seul je le sais ;
    Et mon secret m’est cher, et chère ma souffrance ;
    Et j’ai fait le serment d’aimer sans espérance,
    Mais non pas sans bonheur ; – je vous vois, c’est assez.

    Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême,
    De mourir dans vos bras et de vivre à vos pieds.
    Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même…
    Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
    Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?

    Alfred de Musset

     

     

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  • ETE 23

    ETE 23

    Bonjour à toutes et tous .
    J'espère que vous allez bien ?
    il fait du soleil ,il va faire chaud .
    Passez une bonne journée .
    Passez un bon weekend .
    Prenez soin de vous .
    Avec toute mon amitié .
    Bisous du♥

    ETE 23

    À Ninon

    Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
    Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
    L’amour, vous le savez, cause une peine extrême ;
    C’est un mal sans pitié que vous plaignez vous-même ;
    Peut-être cependant que vous m’en puniriez.

    Si je vous le disais, que six mois de silence
    Cachent de longs tourments et des voeux insensés :
    Ninon, vous êtes fine, et votre insouciance
    Se plaît, comme une fée, à deviner d’avance ;
    Vous me répondriez peut-être : Je le sais.

    Si je vous le disais, qu’une douce folie
    A fait de moi votre ombre, et m’attache à vos pas :
    Un petit air de doute et de mélancolie,
    Vous le savez, Ninon, vous rend bien plus jolie ;
    Peut-être diriez-vous que vous n’y croyez pas.

    Si je vous le disais, que j’emporte dans l’âme
    Jusques aux moindres mots de nos propos du soir :
    Un regard offensé, vous le savez, madame,
    Change deux yeux d’azur en deux éclairs de flamme ;
    Vous me défendriez peut-être de vous voir.

    Si je vous le disais, que chaque nuit je veille,
    Que chaque jour je pleure et je prie à genoux ;
    Ninon, quand vous riez, vous savez qu’une abeille
    Prendrait pour une fleur votre bouche vermeille ;
    Si je vous le disais, peut-être en ririez-vous.

    Mais vous ne saurez rien. – Je viens, sans rien en dire,
    M’asseoir sous votre lampe et causer avec vous ;
    Votre voix, je l’entends ; votre air, je le respire ;
    Et vous pouvez douter, deviner et sourire,
    Vos yeux ne verront pas de quoi m’être moins doux.

    Je récolte en secret des fleurs mystérieuses :
    Le soir, derrière vous, j’écoute au piano
    Chanter sur le clavier vos mains harmonieuses,
    Et, dans les tourbillons de nos valses joyeuses,
    Je vous sens, dans mes bras, plier comme un roseau.

    La nuit, quand de si loin le monde nous sépare,
    Quand je rentre chez moi pour tirer mes verrous,
    De mille souvenirs en jaloux je m’empare ;
    Et là, seul devant Dieu, plein d’une joie avare,
    J’ouvre, comme un trésor, mon cœur tout plein de vous.

    J’aime, et je sais répondre avec indifférence ;
    J’aime, et rien ne le dit ; j’aime, et seul je le sais ;
    Et mon secret m’est cher, et chère ma souffrance ;
    Et j’ai fait le serment d’aimer sans espérance,
    Mais non pas sans bonheur ; – je vous vois, c’est assez.

    Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême,
    De mourir dans vos bras et de vivre à vos pieds.
    Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même…
    Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
    Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?

    Alfred de Musset

     

     

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  •  

    KIT 1



    Célébration du 14 juillet dans la forêt
    Victor Hugo

    Qu’il est joyeux aujourd’hui
    Le chêne aux rameaux sans nombre,
    Mystérieux point d’appui
    De toute la forêt sombre !

    Comme quand nous triomphons,
    Il frémit, l’arbre civique ;
    Il répand à plis profonds
    Sa grande ombre magnifique.

    D’où lui vient cette gaieté ?
    D’où vient qu’il vibre et se dresse,
    Et semble faire à l’été
    Une plus fière caresse ?

    C’est le quatorze juillet.
    À pareil jour, sur la terre
    La liberté s’éveillait
    Et riait dans le tonnerre.

    Peuple, à pareil jour râlait
    Le passé, ce noir pirate ;
    Paris prenait au collet
    La Bastille scélérate.

    À pareil jour, un décret
    Chassait la nuit de la France,
    Et l’infini s’éclairait
    Du côté de l’espérance.

    Tous les ans, à pareil jour,
    Le chêne au Dieu qui nous crée
    Envoie un frisson d’amour,
    Et rit à l’aube sacrée.

    Il se souvient, tout joyeux,
    Comme on lui prenait ses branches !
    L’âme humaine dans les cieux,
    Fière, ouvrait ses ailes blanches.

    Car le vieux chêne est gaulois :
    Il hait la nuit et le cloître ;
    Il ne sait pas d’autres lois
    Que d’être grand et de croître.

    Il est grec, il est romain ;
    Sa cime monte, âpre et noire,
    Au-dessus du genre humain
    Dans une lueur de gloire.

    Sa feuille, chère aux soldats,
    Va, sans peur et sans reproche,
    Du front d’Epaminondas
    À l’uniforme de Hoche.

    Il est le vieillard des bois ;
    Il a, richesse de l’âge,
    Dans sa racine Autrefois,
    Et Demain dans son feuillage.

    Les rayons, les vents, les eaux,
    Tremblent dans toutes ses fibres ;
    Comme il a besoin d’oiseaux,
    Il aime les peuples libres.

    C’est son jour. Il est content.
    C’est l’immense anniversaire.
    Paris était haletant.
    La lumière était sincère.

    Au loin roulait le tambour…?
    Jour béni ! jour populaire,
    Où l’on vit un chant d’amour
    Sortir d’un cri de colère !

    Il tressaille, aux vents bercé,
    Colosse où dans l’ombre austère
    L’avenir et le passé
    Mêlent leur double mystère.

    Les éclipses, s’il en est,
    Ce vieux naïf les ignore.
    Il sait que tout ce qui naît,
    L’oeuf muet, le vent sonore,

    Le nid rempli de bonheur,
    La fleur sortant des décombres,
    Est la parole d’honneur
    Que Dieu donne aux vivants sombres.

    Il sait, calme et souriant,
    Sérénité formidable !
    Qu’un peuple est un orient,
    Et que l’astre est imperdable.

    Il me salue en passant,
    L’arbre auguste et centenaire ;
    Et dans le bois innocent
    Qui chante et que je vénère,

    Étalant mille couleurs,
    Autour du chêne superbe
    Toutes les petites fleurs
    Font leur toilette dans l’herbe.

    L’aurore aux pavots dormants
    Verse sa coupe enchantée ;
    Le lys met ses diamants ;
    La rose est décolletée.

    Aux chenilles de velours
    Le jasmin tend ses aiguières ;
    L’arum conte ses amours,
    Et la garance ses guerres.

    Le moineau-franc, gai, taquin,
    Dans le houx qui se pavoise,
    D’un refrain républicain
    Orne sa chanson grivoise.

    L’ajonc rit près du chemin ;
    Tous les buissons des ravines
    Ont leur bouquet à la main ;
    L’air est plein de voix divines.

    Et ce doux monde charmant,
    Heureux sous le ciel prospère,
    Épanoui, dit gaiement :
    C’est la fête du grand-père.

    Victor Hugo, Les chansons des rues et des bois, 1865

     

     

     

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    KIT 1

    Bonjour à toutes et tous .
    Je vous souhaite bon 14 Juillet
    J'espère que vous allez bien ?
    il fait du soleil mais moins chaud .
    Passez une bonne journée .
    Prenez soin de vous .
    Avec toute mon amitié .
    Bisous du ♥


    Célébration du 14 juillet dans la forêt
    Victor Hugo

    Qu’il est joyeux aujourd’hui
    Le chêne aux rameaux sans nombre,
    Mystérieux point d’appui
    De toute la forêt sombre !

    Comme quand nous triomphons,
    Il frémit, l’arbre civique ;
    Il répand à plis profonds
    Sa grande ombre magnifique.

    D’où lui vient cette gaieté ?
    D’où vient qu’il vibre et se dresse,
    Et semble faire à l’été
    Une plus fière caresse ?

    C’est le quatorze juillet.
    À pareil jour, sur la terre
    La liberté s’éveillait
    Et riait dans le tonnerre.

    Peuple, à pareil jour râlait
    Le passé, ce noir pirate ;
    Paris prenait au collet
    La Bastille scélérate.

    À pareil jour, un décret
    Chassait la nuit de la France,
    Et l’infini s’éclairait
    Du côté de l’espérance.

    Tous les ans, à pareil jour,
    Le chêne au Dieu qui nous crée
    Envoie un frisson d’amour,
    Et rit à l’aube sacrée.

    Il se souvient, tout joyeux,
    Comme on lui prenait ses branches !
    L’âme humaine dans les cieux,
    Fière, ouvrait ses ailes blanches.

    Car le vieux chêne est gaulois :
    Il hait la nuit et le cloître ;
    Il ne sait pas d’autres lois
    Que d’être grand et de croître.

    Il est grec, il est romain ;
    Sa cime monte, âpre et noire,
    Au-dessus du genre humain
    Dans une lueur de gloire.

    Sa feuille, chère aux soldats,
    Va, sans peur et sans reproche,
    Du front d’Epaminondas
    À l’uniforme de Hoche.

    Il est le vieillard des bois ;
    Il a, richesse de l’âge,
    Dans sa racine Autrefois,
    Et Demain dans son feuillage.

    Les rayons, les vents, les eaux,
    Tremblent dans toutes ses fibres ;
    Comme il a besoin d’oiseaux,
    Il aime les peuples libres.

    C’est son jour. Il est content.
    C’est l’immense anniversaire.
    Paris était haletant.
    La lumière était sincère.

    Au loin roulait le tambour…?
    Jour béni ! jour populaire,
    Où l’on vit un chant d’amour
    Sortir d’un cri de colère !

    Il tressaille, aux vents bercé,
    Colosse où dans l’ombre austère
    L’avenir et le passé
    Mêlent leur double mystère.

    Les éclipses, s’il en est,
    Ce vieux naïf les ignore.
    Il sait que tout ce qui naît,
    L’oeuf muet, le vent sonore,

    Le nid rempli de bonheur,
    La fleur sortant des décombres,
    Est la parole d’honneur
    Que Dieu donne aux vivants sombres.

    Il sait, calme et souriant,
    Sérénité formidable !
    Qu’un peuple est un orient,
    Et que l’astre est imperdable.

    Il me salue en passant,
    L’arbre auguste et centenaire ;
    Et dans le bois innocent
    Qui chante et que je vénère,

    Étalant mille couleurs,
    Autour du chêne superbe
    Toutes les petites fleurs
    Font leur toilette dans l’herbe.

    L’aurore aux pavots dormants
    Verse sa coupe enchantée ;
    Le lys met ses diamants ;
    La rose est décolletée.

    Aux chenilles de velours
    Le jasmin tend ses aiguières ;
    L’arum conte ses amours,
    Et la garance ses guerres.

    Le moineau-franc, gai, taquin,
    Dans le houx qui se pavoise,
    D’un refrain républicain
    Orne sa chanson grivoise.

    L’ajonc rit près du chemin ;
    Tous les buissons des ravines
    Ont leur bouquet à la main ;
    L’air est plein de voix divines.

    Et ce doux monde charmant,
    Heureux sous le ciel prospère,
    Épanoui, dit gaiement :
    C’est la fête du grand-père.

    Victor Hugo, Les chansons des rues et des bois, 1865

     

     

     

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