• Villanelle

    En ce mois délicieux,
    Qu’amour toute chose incite,
    Un chacun à qui mieux mieux
    La douceur’ du temps imite,
    Mais une rigueur dépite
    Me fait pleurer mon malheur.
    Belle et franche Marguerite
    Pour vous j’ai cette douleur.
    Dedans votre oeil gracieux
    Toute douceur est écrite,
    Mais la douceur de vos yeux
    En amertume est confite,
    Souvent la couleuvre habite
    Dessous une belle fleur.
    Belle et franche Marguerite,
    Pour vous j’ai cette douleur.
    Or, puis que je deviens vieux,
    Et que rien ne me profite,
    Désespéré d’avoir mieux,
    Je m’en irai rendre ermite,
    Pour mieux pleurer mon malheur.
    Belle et franche Marguerite,
    Pour vous j’ai cette douleur.
    Mais si la faveur des Dieux
    Au bois vous avait conduite,
    Ou, d’espérer d’avoir mieux,
    Je m’en irai rendre ermite,
    Peut être que ma poursuite
    Vous ferait changer couleur.
    Belle et franche Marguerite
    Pour vous j’ai cette douleur.

    Joachim Du Bellay

     

     

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  • Bonne semaine à tous

    Bonne semaine à tous

     
    Vacances

    Tiède est le vent
    Chaud est le temps
    Fraîche est ta peau
    Doux, le moment

    Blanc est le pain
    Bleu est le ciel
    Rouge est le vin
    D’or est le miel

    Odeurs de mer
    Embruns, senteurs
    Parfums de terre
    D’algues, de fleurs

    Gai est ton rire
    Plaisant ton teint
    Bons, les chemins
    Pour nous conduire

    Lumière sans voile
    Jours à chanter
    Millions d’étoiles
    Nuits à danser

    Légers, nos dires
    Claires, nos voix
    Lourd, le désir
    Pesants, nos bras

    Tiède est le vent
    Chaud est le temps
    Fraîche est ta peau
    Doux, le moment

    Doux le moment…
    Doux le moment…

    Esther Granek, Ballades et réflexions à ma façon, 1978
     

     

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  • Bonne semaine à tous



    Far-niente

    Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage
    Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
    J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,
    Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
    Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
    Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.
    Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi
    Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,
    Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,
    Le puceron qui grimpe et se pende au brin d’herbe,
    La chenille traînant ses anneaux veloutés,
    La limace baveuse aux sillons argentés,
    Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
    Ensuite je regarde, amusement frivole,
    La lumière brisant dans chacun de mes cils,
    Palissade opposée à ses rayons subtils,
    Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
    En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
    Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
    Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
    Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
    Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.

    Théophile Gautier


     

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