• ETE 19

    ETE 19


    A l’enfant inconnu

    Il faudrait fleurir une tombe,
    A l‘enfant inconnu ;

    Y déposer les fleurs du mal, du bien
    De l’amour et du désamour ;

    Les roses rouges de la passion,
    Les roses d’hiver qui fleurissent dans la glace et la frustration.

    Il faudrait honorer
    L’enfant inconnu
    Qui ne naît pas
    Qui advient à peine
    Qui est pétrit du possible et de l’impossible.

    Il faudrait chanter,
    Pour l’enfant inconnu,
    Un chant léger, celui de l’imprévu,
    Un chant lourd et grave,
    Celui du désamour qui entrave.

    Il faudrait s’attarder
    Sur sa tombe
    Se souvenir
    Du désir
    Qui l’ont fait venir,
    Et du pourquoi
    Et du comment
    Qui l’ont tué.
    Regarder l’emprise de la vie sur elle-même,
    Sentir sa puissance,
    Gouter au bien, aussi, au paisible et au sens,
    Du choix fait et assumé.

    Il faudrait se souvenir,
    Du vieux couple qui n’a pas voulu,
    De l’amant et de la maitresse
    Qui n’ont pas pu ;
    Du corps de la femme
    Où ça ne s’accrochait pas ;
    De l’hésitant et de l’indécise
    Qui ne savaient pas ;
    De l’enfant de prostitué
    Et il ne valait mieux pas ;
    Il faudrait se souvenir de ces enfants
    Sans nom, sans devenir.

    Il faudrait regarder sans se mentir,
    L’armée des enfants inconnus
    Comme une masse fantôme
    Qui nous hante et nous parle,
    Nous menace de sa bouche muette,
    Effacée, informe.

    Il faudrait la regarder en face,
    Et entendre,
    Ses pas lents,
    Sortir
    Du cœur de notre vallée noire,
    Où le désir et le refus copulent,
    Où le désespoir étrangle l’espoir,
    Où vouloir et renoncer s’embrassent.
    Qu’est-t-il sorti de cet antre ?
    Peut-on le nommer ?

    Je donnerai,
    A l’enfant inconnu,
    Une parure pour son anonymat
    Des fleurs terrifiantes d’éclat
    Un hymne dissonant et cru,
    Un mausolée de terre nue,
    Profonde, au parfum fertile.

    La vie a tracé son chemin subtil, en lui,
    A magnifié le chaos de la vallée noire,
    Puis est retombé dans l’indicible puits,
    Où se décomposent les évidences, par-delà le miroir.

    Maëlle Ranoux, 2019


     

     

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    8 Mai 1945

    Ô Armistice, as-tu tourné la page ?
    Effaceras-tu de ce paysage,
    Désolation, corps, boue, sang et orage ?
    Car l'esprit a subi tant de dommages.

    En ton nom, Guerre, des hommes tombèrent,
    Des millions de corps communs s'affrontèrent.
    Tu es devenu notre quotidien
    Et maintenant, on doit croire à ta fin ?!

    Aujourd'hui, Guerre, tu es le défunt
    Car s'est retourné contr' toi, le destin.
    Gardons l'espoir d'un avenir sans Guerre
    Et que tes cendres ne renaissent guère.

    Ô Armistice, as-tu tourné la page ?
    Effaceras-tu de ce paysage,
    Douleur, colère, peur, larmes et rage ?
    Offriras-tu bonheur, souffle et courage ?

     

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  • DIVERS 23

     

    DIVERS 23

    Vivre

    Est-ce qu’il ne vaut mieux pas
    sentir l’odeur des blés
    plutôt que de rêver
    aux pierres et aux tourments

    Est-ce qu’il ne vaut mieux pas
    revenir à l’Aurore
    dès qu’on dessine sa route
    dans l’infiniment pur

    Est-ce qu’il ne vaut mieux pas
    chevaucher une tempête
    à chaque fois qu’un Autre
    perd sa foi en l’Azur

    Est-ce qu’il ne vaut mieux pas
    revivre chaque instant
    lorsqu’on perd une flamme
    qui ne brillera plus

    Est-ce qu’il ne vaut mieux pas
    vivre pour une danse
    lorsque la rose éclos
    et que nul autre adore

    Est-ce qu’il ne vaut mieux pas ?

    Est-ce qu’il ne vaut mieux pas ?

    Winston Perez, 2017

     

     

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