• Nuit de printemps

    PRINTEMPS 11

     

    PRINTEMPS 11


    Nuit de printemps

    Le ciel est pur, la lune est sans nuage :
    Déjà la nuit au calice des fleurs
    Verse la perle et l’ambre de ses pleurs ;
    Aucun zéphyr n’agite le feuillage.
    Sous un berceau, tranquillement assis,
    Où le lilas flotte et pend sur ma tête,
    Je sens couler mes pensées rafraîchis
    Dans les parfums que la nature apprête.
    Des bois dont l’ombre, en ces prés blanchissants,
    Avec lenteur se dessine et repose,
    Deux rossignols, jaloux de leurs accents,
    Vont tour à tour réveiller le printemps
    Qui sommeillait sous ces touffes de rose.
    Mélodieux, solitaire Ségrais,
    Jusqu’à mon cœur vous portez votre paix !
    Des prés aussi traversant le silence,
    J’entends au loin, vers ce riant séjour,
    La voix du chien qui gronde et veille autour
    De l’humble toit qu’habite l’innocence.
    Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds !
    Parmi les cieux à l’aurore entrouverts,
    Phébé n’a plus que des clartés mourantes,
    Et le zéphyr, en rasant le verger,
    De l’orient, avec un bruit léger,
    Se vient poser sur ces tiges tremblantes.

    François-René de Chateaubriand, Tableaux de la nature, 1784-1790


     

     

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