La Chanson de ma Mie
L’eau, dans les grands lacs bleus Endormie, Est le miroir des cieux : Mais j’aime mieux les yeux De ma mie.
Pour que l’ombre parfois Nous sourie, Un oiseau chante au bois : Mais j’aime mieux la voix De ma mie.
La rosée, à la fleur Défleurie Rend sa vive couleur : Mais j’aime mieux un pleur De ma mie.
Le temps vient tout briser. On l’oublie : Moi, pour le mépriser, Je ne veux qu’un baiser De ma mie.
La rose sur le lin Meurt flétrie ; J’aime mieux pour coussin Les lèvres et le sein De ma mie.
On change tour à tour De folie : Moi, jusqu’au dernier jour, Je m’en tiens à l’amour De ma mie.
Mars 1845.
Théodore de Banville, Les Stalactites, 1846
Sylvie Erwan
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