• Aux Hirondelles

     

    Aux Hirondelles

    De l’aile effleurant mon visage,
    Volez, doux oiseaux de passage,
    Volez sans peur tout près de moi !
    Avec amour je vous salue ;
    Descendez du haut de la nue,
    Volez, et n’ayez nul effroi !

    Des mois d’or aux heures légères,
    Venez, rapides messagères,
    Venez, mes sœurs, je vous attends !
    Comme vous je hais la froidure,
    Comme vous j’aime la verdure,
    Comme vous j’aime le printemps !

    Vous qui des pays de l’aurore
    Nous arrivez tièdes encore,
    Dites, les froids vont donc finir !
    Ah ! contez-nous de jeunes choses,
    Parlez-nous de nids et de roses,
    Parlez-nous d’un doux avenir !

    Parlez-moi de soleil et d’ondes,
    D’épis flottants, de plaines blondes,
    De jours dorés, d’horizons verts ;
    De la terre enfin réveillée,
    Qui se mourait froide et mouillée
    Sous le dais brumeux des hivers.

    L’hiver, c’est le deuil de la terre !
    Les arbres n’ont plus leur mystère ;
    Oiseaux et bardes sont sans toits ;
    Une bise à l’aile glacée
    A nos fronts tarit la pensée,
    Tarit la sève au front des bois.

    Le ciel est gris, l’eau sans murmure,
    Et tout se meurt ; sur la nature
    S’étend le linceul des frimas.
    Heureux, alors, sur d’autres plages,
    Ceux qui vont chercher les feuillages
    Et les beaux jours des beaux climats !

    O très heureuses hirondelles !
    Si comme vous j’avais des ailes,
    J’irais me baigner d’air vermeil ;
    Et, loin de moi laissant les ombres,
    Je fuirais toujours les cieux sombres
    Pour toujours suivre le soleil !
    Saint-Nazaire, avril 1840
    Auguste Lacaussade, Poèmes et Paysages, 1897

     

     

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