• A la Femme aimée

    ST VALENTIN 4

    ST VALENTIN 4
    A la Femme aimée

    Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
    Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.
    Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
    Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
    Le soir d’été semblait un rêve oriental
    De rose et de santal.

    Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
    Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.
    Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts
    En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.
    De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour
    L’agonie et l’amour.

    Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes
    La douceur et l’effroi de ton premier baiser.
    Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser
    En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes
    Parmi des flots de sons languissamment décrus,
    Blonde, tu m’apparus.

    Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible,
    D’infini, je voulus moduler largement
    Un hymne de magie et d’émerveillement.
    Mais la strophe monta bégayante et pénible,
    Reflet naïf, écho puéril, vol heurté,
    Vers ta Divinité.

    Renée Vivien, Etudes et préludes

    ST VALENTIN 4

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