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Pâques
Que le ciel tonne ou le soleil rayonne,
A pâques les cloches sonnent
D'un bel écho qui carillonne
Ding dong dans tout le pays résonne.
Le chocolat endosse ses habits de fêtes,
Travesti en lapin ou poulette.
Dans les jardins, il prend la poudre d'escampette
Pour se trouver les meilleures cachettes.
Les enfants ne tiennent plus en place
En attendant l'ouverture de la chasse
Aux œufs dont on cherche la trace
Dans l'herbe haute et bien grasse.
Leurs petits paniers sous le bras
Partout ce ne sont que des ho ! et des ha !
Cris d'émerveillement par ci et par là
Pour tous ces trésors de chocolat.
Pâques fait ces tableaux charmants
Rassemblant petits et plus grands
Tout dans l'enchantement
Magie particulière du moment.
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Lapins
Les petits Lapins, dans le bois,
Folâtrent sur l’herbe arrosée
Et, comme nous le vin d’Arbois,
Ils boivent la douce rosée.Gris foncé, gris clair, soupe au lait,
Ces vagabonds, dont se dégage
Comme une odeur de serpolet,
Tiennent à peu près ce langage :Nous sommes les petits Lapins,
Gens étrangers à l’écriture
Et chaussés des seuls escarpins
Que nous a donnés la Nature.Nous sommes les petits Lapins,
C’est le poil qui forme nos bottes,
Et, n’ayant pas de calepins,
Nous ne prenons jamais de notes.Et dans la bonne odeur des pins
Qu’on voit ombrageant ces clairières,
Nous sommes les tendres Lapins
Assis sur leurs petits derrières.Poème de Théodore de BANVILLE (Extrait) Sonnailles et Clochettes - 27 novembre 1888.
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Les petits canards
Ils vont, les petits canards,
Tout au bord de la rivière,
Comme de bons campagnards.Barboteurs et frétillards,
Heureux de troubler l’eau claire,
Ils vont, les petits canards.Ils semblent un peu jobards,
Mais ils sont à leur affaire
Comme de bons campagnardsDans l’eau pleine de têtards,
Où tremble une herbe légère,
Ils vont, les petits canards.Marchant par groupes épars,
D’une allure régulière
Comme de bons campagnards ;Amoureux et nasillards,
Chacun avec sa commère,
Comme de bons campagnards
Ils vont, les petits canards !Rosemonde Gérard
Les Pipeaux
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CONTE La fée qui court
Georges SandJe rencontrai l'autre jour une bonne fée qui courait comme une folle malgré son grand âge.
— Êtes-vous si pressée de nous quitter, madame la fée ?
— Ah! ne m'en parlez pas, répondit-elle. Il y a quelques centaines d'années que je n'avais revu votre petit monde, et je n'y comprends plus rien. J'offre la beauté aux filles, le courage aux garçons, la sagesse aux vieux, la santé aux malades, l'amour à la jeunesse, enfin tout ce qu'une honnête fée peut off'rir de bon aux humains, et tous me refusent. « Avez-vous de l'or et de l'argent ? me disent- ils; nous ne souhaitons pas autre chose. » Or, je me sauve, car j'ai peur que les roses des buissons ne me demandent des parures de diamants et que les papillons n'aient la prétention de rouler carrosse dans la prairie !
— Non, non, ma bonne dame, s'écrient en riant les petites roses qui avaient entendu grogner la fée : nous avons des gouttes de rosée sur nos feuilles.
— Et nous, disent en folâtrant les papillons, nous avons de l'or et de l'argent sur nos ailes.
— Voilà, dit la fée en s'en allant, les seules gens raisonnables que je laisse sur la terre.
George Sand
Légendes rustiques 1859Ce petit conte de George Sand (1804 - 1876), La fée qui court, est parfait pour des enfants. Il évoque joliment une fée pleine de sagesse. Ce conte n’illustre pas à proprement parler le thème de Pâques, mais il va bien avec le côté merveilleux de cette fête aux résonances champêtres.
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LA Chenille
Elle sort d'une touffe d'herbe qui l'avait cachée pendant la chaleur. Elle traverse l'allée de sable à grandes ondulations. Elle se garde d'y faire halte et un moment elle se croit perdue dans une trace de sabot du jardinier.Arrivée aux fraises, elle se repose, lève le nez de droite et de gauche pour flairer ; puis elle repart et sous les feuilles, sur les feuilles, elle sait maintenant où elle va.
Quelle belle chenille, grasse, velue, fourrée, brune avec des points d'or et ses yeux noirs !
Guidée par l'odorat ; elle se trémousse et se fronce comme un épais sourcil.
Elle s'arrête au bas d'un rosier. De ses fines agrafes, elle tâte l'écorce rude, balance sa petite tête de chien nouveau-né et se décide à grimper.
Et, cette fois, vous diriez qu'elle avale péniblement chaque longueur de chemin par déglutition.
Tout en haut du rosier, s'épanouit une rose au teint de candide fillette. Ses parfums qu'elle prodigue la grisent. Elle ne se défie de personne. Elle laisse monter par sa tige la première chenille venue. Elle l'accueille comme un cadeau.
Et, pressentant qu'il fera froid cette nuit, elle est bien aise de se mettre un boa autour du cou.
Jules Renard
Histoires naturelles 1896
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